Fusions et acquisitions en Thaïlande : comment s’adapter au paysage juridique local

les fusions et les acquisitions Thaïlande par Benoit&Partners

Fusions et acquisitions en Thaïlande

La Thaïlande attire de plus en plus d’investisseurs internationaux et s’affirme comme une destination clé en Asie du Sud-Est pour les affaires. Grâce à des politiques favorables aux entreprises, le pays est devenu un terrain fertile pour les fusions et acquisitions. Cependant, pour réussir une opération de fusion ou d’acquisition en Thaïlande, il est crucial de comprendre les particularités du cadre juridique local.

Table des matières

Quelles sont les principales lois régissant les fusions et acquisitions en Thaïlande ?

En Thaïlande, plusieurs lois encadrent les opérations de fusion et d’acquisition, chacune d’elles traitant d’aspects spécifiques du processus. Les investisseurs doivent bien connaître ces cadres législatifs pour mener à bien leurs projets.

  • Le Code civil et commercial : Ce code constitue la base du droit des sociétés et des contrats en Thaïlande. Il traite des règles de gouvernance d’entreprise, des achats d’actions, des transferts d’activités et des obligations contractuelles entre les parties prenantes. Toute opération de fusion ou d’acquisition doit respecter ces dispositions légales.
  • La loi sur les sociétés anonymes (Public Limited Companies Act) : Cette loi s’applique aux sociétés cotées en bourse. Elle encadre la structure de l’actionnariat, les droits de vote, ainsi que les procédures de fusion et d’acquisition. Les fusions impliquant des sociétés publiques nécessitent souvent des résolutions spéciales des actionnaires, et le respect des règles de transparence et de gouvernance d’entreprise est primordial.
  • La loi sur les valeurs mobilières et la bourse (Securities and Exchange Act – SEA) : Pour les entreprises cotées en Thaïlande, la SEA impose des obligations supplémentaires en matière de divulgation d’informations, notamment en cas de prise de contrôle ou d’acquisition d’une part importante du capital. En général, lorsqu’un actionnaire dépasse certains seuils (25 %, 50 % ou 75 % de participation), il doit soumettre une offre d’achat aux autres actionnaires.
  • La loi sur la concurrence (Competition Act) : Gérée par la Commission de la concurrence (Trade Competition Commission – TCC), cette loi veille à ce que les fusions ne créent pas de monopoles ou n’affaiblissent pas la concurrence sur le marché intérieur. Les fusions impliquant de grandes entreprises doivent être approuvées par la TCC.
  • La loi sur les affaires étrangères (Foreign Business Act – FBA) : Les investisseurs étrangers doivent respecter les restrictions imposées par cette loi, notamment en ce qui concerne la propriété dans certains secteurs, tels que les télécommunications, l’agriculture et les transports. Si un investisseur étranger souhaite détenir plus de 49 % d’une société opérant dans ces secteurs, il doit obtenir une licence d’entreprise étrangère (Foreign Business License – FBL) ou recevoir l’approbation du Board of Investment (BOI).
  • La loi sur la protection du travail (Labour Protection Act) : Lors d’un transfert d’entreprise dans le cadre d’une fusion ou d’une acquisition, les droits des employés doivent être protégés. Cette loi prévoit que les employés soient transférés aux nouvelles entités avec des conditions équivalentes, sauf accord contraire. Le non-respect de ces dispositions peut entraîner des litiges.

Quelles sont les étapes clés en Thaïlande ?

Le processus de fusion ou d’acquisition en Thaïlande se décompose généralement en plusieurs phases importantes, qui peuvent varier selon la nature de la transaction (achat d’actions ou transfert d’entreprise).

  • Négociations préliminaires et accords de confidentialité : Dès les premières discussions entre les parties intéressées, des informations sensibles sont échangées. Un accord de non-divulgation est souvent signé pour protéger ces données avant d’entamer des négociations plus approfondies.
  • Due diligence : Cette phase consiste en une évaluation approfondie de la société cible pour vérifier sa conformité aux réglementations en vigueur et auditer ses documents financiers, contrats, brevets, litiges potentiels, ainsi que ses obligations fiscales et sociales. Cela permet de s’assurer que l’acquisition ne comporte pas de risques non identifiés.
  • Structuration de la transaction : Une acquisition peut être structurée de deux manières principales : par l’achat d’actions ou par le transfert d’actifs. Chaque méthode présente des conséquences fiscales et juridiques distinctes. L’achat d’actions transfère non seulement la propriété de l’entreprise, mais aussi ses droits et obligations, tandis que le transfert d’actifs permet d’acquérir uniquement certains biens et engagements, laissant de côté les dettes non désirées.
  • Approbation des actionnaires et des autorités de régulation : Les transactions impliquant des sociétés cotées nécessitent l’approbation des actionnaires, en particulier si la transaction concerne une part importante du capital ou des actifs de l’entreprise. En général, une majorité des trois quarts des actionnaires est requise pour approuver l’opération. De plus, certaines transactions doivent être approuvées par les autorités de régulation, telles que la TCC ou la SEC (Securities and Exchange Commission).
  • Signature et clôture : Une fois toutes les autorisations obtenues, l’accord de vente et d’achat (Sale and Purchase Agreement – SPA) est signé. Ce document formalise la transaction et détaille les conditions de transfert de propriété, y compris le prix d’achat, les garanties et autres engagements entre les parties. Le transfert des actions ou des actifs est ensuite enregistré auprès des autorités compétentes, comme le Département du Développement des Entreprises (DBD).
  • Obligations post-clôture : Après la clôture de l’opération, l’acheteur doit remplir certaines obligations continues, telles que la soumission de rapports réglementaires, les déclarations fiscales, et la gestion des changements au sein de l’entreprise. Les autorités de régulation, comme la SEC ou la TCC, peuvent exiger des rapports périodiques sur l’état de l’entreprise suite à la fusion ou l’acquisition.

Quelles difficultés rencontrent les investisseurs étrangers dans les fusions et acquisitions en Thaïlande ?

Les investisseurs étrangers doivent faire face à plusieurs défis spécifiques lors des fusions et acquisitions en Thaïlande, notamment en raison des restrictions de la FBA et des différences culturelles.

  • Restrictions de la propriété étrangère : La loi limite la participation étrangère à 49 % dans certains secteurs d’activité réglementés. Pour contourner cette restriction, de nombreux investisseurs étrangers recherchent l’approbation du BOI ou forment des coentreprises avec des partenaires thaïlandais. L’approbation du BOI permet à une société d’être détenue à 100 % par des étrangers dans certains secteurs comme la fabrication, les technologies de pointe ou les énergies renouvelables.
  • Contrôle réglementaire : Les transactions importantes ou susceptibles de réduire la concurrence sur le marché sont soumises à l’examen de la TCC. Ce processus peut prendre du temps, et la TCC peut imposer des conditions à la transaction pour atténuer son impact sur le marché.
  • Barrières culturelles et linguistiques : Les différences culturelles et linguistiques peuvent affecter les négociations et les interactions entre les investisseurs étrangers et leurs partenaires thaïlandais. Une bonne compréhension des nuances culturelles permet toutefois d’établir des relations de confiance et de coopération.
  • Considérations fiscales : Les conséquences fiscales des fusions et acquisitions en Thaïlande doivent être soigneusement évaluées. Selon la structure de la transaction, des taxes telles que l’impôt sur les plus-values, la taxe spécifique des affaires (SBT), et le droit de timbre peuvent s’appliquer. Par exemple, un transfert d’actifs peut entraîner l’application de la SBT, contrairement à un achat d’actions.

Quel est l’impact des avantages du BOI sur les fusions et acquisitions en Thaïlande ?

Le Board of Investment (BOI) joue un rôle crucial dans l’attraction des investissements étrangers en Thaïlande, en particulier dans les secteurs où la propriété étrangère est restreinte. Pour les investisseurs engagés dans des opérations de fusion et d’acquisition, la promotion par le BOI offre plusieurs avantages :

  • Propriété étrangère à 100 % : Dans les secteurs promus, les investisseurs étrangers peuvent détenir jusqu’à 100 % du capital d’une entreprise sans avoir besoin d’une Foreign Business License (FBL). Cela est particulièrement intéressant dans des secteurs tels que la haute technologie, les énergies renouvelables ou les soins de santé.
  • Incitations fiscales : Les entreprises promues par le BOI bénéficient d’exonérations fiscales attractives, comme l’exonération d’impôt sur les sociétés pendant une période allant jusqu’à huit ans, ou encore des exonérations de droits d’importation sur les équipements et matières premières nécessaires aux opérations.
  • Simplification des visas et permis de travail : Les entreprises promues par le BOI bénéficient également de procédures simplifiées pour l’obtention de visas et permis de travail pour les cadres et employés étrangers, facilitant ainsi le transfert de talents.

Quelles sont les implications du droit de la concurrence en Thaïlande ?

Le droit de la concurrence en Thaïlande cherche à prévenir les situations de monopole. Les entreprises doivent notifier la TCC lorsqu’une fusion ou acquisition risque de créer une position dominante sur le marché. Une entreprise est considérée dominante si elle contrôle plus de 50 % du marché ou si son chiffre d’affaires dépasse certains seuils.

La TCC peut imposer des conditions ou même bloquer certaines transactions si elles sont jugées anticoncurrentielles. Les entreprises doivent donc effectuer une analyse approfondie de la concurrence avant de procéder à une fusion ou acquisition.

Conclusion

En conclusion, les fusions et acquisitions en Thaïlande représentent des opportunités importantes pour les investisseurs, mais elles nécessitent une maîtrise du cadre juridique et réglementaire local. Le respect des lois, telles que le Code civil et commercial, la loi sur les sociétés anonymes, la loi sur les valeurs mobilières, et la loi sur la concurrence, est essentiel pour réussir ces opérations. Les investisseurs étrangers doivent notamment prendre en compte les restrictions sur la propriété étrangère, les réglementations sur la concurrence, ainsi que les implications fiscales. Les avantages offerts par le BOI, comme la possibilité de détenir à 100 % une entreprise thaïlandaise ou les incitations fiscales, sont autant de raisons d’explorer le marché thaïlandais avec attention.