Comment la Loi sur le contrôle des constructions en Thaïlande réglemente-t-elle les projets de construction ?

Travaux en cours sous la Loi sur le contrôle des constructions en Thaïlande

Pourquoi la loi sur le contrôle des constructions est-elle essentielle à la sécurité et à la légalité en Thaïlande ?

L’expansion urbaine rapide et le boom du développement immobilier en Thaïlande au cours des dernières décennies ont rendu nécessaire la mise en place d’un cadre juridique rigoureux afin de garantir que les activités de construction soient menées dans le respect de la sécurité publique, de l’intégrité environnementale et de la cohérence du zonage. Au cœur de ce cadre se trouve la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande B.E. 2522 (1979), une loi fondamentale qui régit pratiquement toutes les constructions et modifications de bâtiments dans tout le royaume. Cet article fournit une analyse juridique détaillée de la loi, notamment ses objectifs, ses classifications, les procédures d’autorisation, les obligations en matière de sécurité, les mécanismes d’application et les interactions avec d’autres lois thaïlandaises pertinentes. Destiné aux clients d’un cabinet d’avocats, cet article est rédigé dans un style formel et comprend des références juridiques et des informations sur les stratégies pratiques de mise en conformité.

Table des matières

Qu’est-ce que la Loi sur le contrôle des constructions en Thaïlande et quels sont ses fondements juridiques ? 

Quels sont les objectifs juridiques et le champ d’application de la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande ?

La Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande B.E. 2522 (1979) est le principal instrument juridique régissant la construction, l’utilisation, la modification et la démolition des bâtiments en Thaïlande. Elle a pour objectif de réglementer les activités de construction de manière à promouvoir la sécurité publique, l’harmonie urbaine et la protection de l’environnement.

Promulguée par décret royal et administrée sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, cette loi délègue d’importants pouvoirs réglementaires aux autorités administratives locales, notamment aux municipalités et aux autorités provinciales. En vertu de l’article 3 de la loi, le ministre de l’Intérieur est habilité à publier des règlements ministériels définissant les « zones contrôlées » (เขตควบคุมอาคาร) auxquelles s’appliquent des restrictions ou des exigences techniques spécifiques. Ces règlements peuvent établir des exigences relatives à la hauteur des bâtiments, à l’utilisation des sols, aux matériaux de construction autorisés et aux systèmes de sécurité incendie, entre autres.

Les objectifs de la loi ne sont pas uniquement techniques. L’article 3 met l’accent sur la protection de l’environnement, la promotion d’un bon aménagement urbain et la protection de la vie et des biens du public. En outre, l’article 4 établit les bases définitoires en distinguant différents types de bâtiments tels que les maisons d’habitation, les bâtiments commerciaux, les entrepôts, les usines et les structures à usage spécial comme les cinémas et les écoles.

La raison d’être historique de la loi reflète les enseignements tirés du développement urbain anarchique qui a accompagné la croissance industrielle de la Thaïlande dans les années 1970. La loi a été conçue comme un mécanisme préventif visant à éviter les effondrements de bâtiments, les risques d’incendie et les externalités négatives d’un étalement urbain non réglementé.

La Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande a été modifiée à plusieurs reprises afin de tenir compte des nouveaux défis urbains, notamment dans la loi (n° 3) B.E. 2543 (2000), qui a introduit des règles plus détaillées concernant les immeubles de grande hauteur, les issues de secours et l’accès des personnes handicapées. La loi est souvent appliquée par le biais de notifications ministérielles, dont beaucoup sont spécifiques à des zones géographiques telles que Bangkok, Phuket ou des districts très touristiques comme Koh Samui.

Comment la loi est-elle appliquée aux niveaux national et local ?

En vertu du droit administratif thaïlandais, les autorités locales agissent à la fois en tant que régulateurs et en tant qu’autorités délivrant les permis. Elles sont chargées de traiter les demandes de permis de construire, d’effectuer les inspections et d’appliquer les sanctions. L’administration métropolitaine de Bangkok (BMA), par exemple, applique la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande ainsi que les codes de zonage spécifiques à la ville.

Classification des bâtiments et champ d’application de la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande 

Quels sont les types de bâtiments définis à l’article 4 de la loi ? 

La Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande introduit un système de classification détaillé afin de garantir que chaque type de bâtiment est régi par des règles techniques, de sécurité et de zonage appropriées. L’article 4 de la loi fournit des définitions essentielles de termes tels que « bâtiment », « modification », « démolition » et « utilisation ». Ces définitions ont des implications profondes sur l’applicabilité des obligations légales.

Conformément à l’article 4, un « bâtiment » désigne toute structure construite avec des matériaux destinés à être permanents ou semi-permanents, utilisée à des fins d’habitation, commerciales, industrielles ou publiques. Cela inclut les constructions hors sol et souterraines. Le terme « modification » désigne les altérations structurelles et non structurelles susceptibles d’affecter la sécurité, l’utilité ou l’esthétique.

Comment les règlements ministériels précisent-ils les obligations par catégorie de bâtiments ?

Les règlements ministériels pris en vertu de l’article 5 précisent le système de classification en définissant différents types de bâtiments en fonction de leur fonction, de leur taille et de leur profil de risque. Les règlements classent notamment les bâtiments en « bâtiments ordinaires », « grands bâtiments » et « immeubles de grande hauteur ». Un « grand bâtiment », par exemple, est défini comme un bâtiment dont la surface totale est supérieure à 2 000 mètres carrés ou qui compte plus de quatre étages, et doit se conformer à des contrôles d’intégrité structurelle, à des plans d’évacuation et à des matériaux résistants au feu plus stricts. Un « immeuble de grande hauteur » est un bâtiment dont la hauteur dépasse 23 mètres et qui est soumis à des exigences encore plus strictes, notamment en matière de calcul des charges dues au vent, de systèmes d’extinction automatique et de sécurité des ascenseurs.

Les « bâtiments spéciaux » sont définis dans des règlements complémentaires et peuvent inclure les hôpitaux, les écoles, les théâtres ou les installations où se rassemblent un grand nombre de personnes. Ces bâtiments sont régis non seulement par les dispositions générales de la loi, mais aussi par des règles spéciales relatives à la ventilation, aux issues de secours, à l’éclairage et à l’accès des personnes handicapées. Par exemple, la notification ministérielle B.E. 2549 décrit les caractéristiques d’accessibilité requises dans les bâtiments publics pour les personnes handicapées, alignant ainsi la législation nationale sur les obligations de la Thaïlande en vertu de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées.

Chaque classification détermine non seulement les normes techniques à appliquer, mais aussi la procédure d’autorisation, la fréquence des inspections et les qualifications des personnes chargées de superviser la construction. Par exemple, alors qu’une maison d’habitation ordinaire peut ne nécessiter que l’approbation d’un ingénieur agréé, un projet de construction d’un immeuble en copropriété de grande hauteur peut nécessiter une équipe d’ingénieurs civils, d’inspecteurs de sécurité et d’auditeurs environnementaux.

En outre, les restrictions de zonage imposées par la loi sur l’urbanisme B.E. 2518 (1975) s’appliquent conjointement avec la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande. Ces restrictions empêchent, par exemple, la construction de bâtiments industriels dans les zones résidentielles ou protégées. L’article 5 de la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande confère au ministre de l’Intérieur le pouvoir d’aligner les classifications des bâtiments sur les codes de zonage, garantissant ainsi un cadre réglementaire cohérent et applicable. Le non-respect de cette classification entraîne non seulement des sanctions administratives, mais aussi une éventuelle responsabilité pénale en vertu des articles 42 et 44 de la loi.

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Obligations légales pour l’obtention d’un permis de construire en Thaïlande 

Quand un permis de construire est-il légalement requis en vertu de la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande ? 

La pierre angulaire de la construction légale en vertu de la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande ( en Thaïlande réside dans l’obligation d’obtenir une autorisation préalable avant d’entreprendre tout travail de construction. L’article 21 de la loi stipule que toute personne ayant l’intention de construire, modifier, déplacer ou démolir un bâtiment doit d’abord demander et obtenir un permis de construire délivré par l’autorité administrative locale. Cette obligation s’applique à l’ensemble du territoire national et couvre à la fois les zones urbaines et rurales désignées comme « zones contrôlées » en vertu de l’article 3 de la loi.

Quels documents doivent être fournis et comment sont-ils examinés ? 

La procédure de demande est décrite à l’article 23, qui impose au demandeur de présenter un dossier technique complet, comprenant les plans architecturaux, les calculs structurels, le calendrier des travaux et l’usage prévu du bâtiment. Ces documents doivent être certifiés par un professionnel qualifié, généralement un ingénieur ou un architecte agréé en vertu de la législation thaïlandaise. L’autorité locale est tenue par la loi d’examiner la demande et de rendre une décision dans un délai de 45 jours, sauf si une prolongation est justifiée en raison de la complexité ou du volume important des demandes.

La section 24 précise que si un permis est délivré, il n’est valable que pour les travaux explicitement décrits dans les documents soumis. Tout écart par rapport aux plans approuvés, tel que l’augmentation de la hauteur du bâtiment, la modification de son agencement intérieur ou de son utilisation, peut constituer une infraction à la section 43 et exposer le promoteur à des sanctions administratives ou pénales. En outre, en vertu de l’article 25, la construction doit commencer dans un délai d’un an à compter de la date de délivrance du permis, faute de quoi celui-ci expire automatiquement, sauf s’il est renouvelé dans des conditions procédurales spécifiques.

Quels sont les recours possibles en cas de refus ou d’expiration d’un permis en vertu de la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande ?

Lorsqu’un permis est refusé, le demandeur a le droit de faire appel en vertu de l’article 27. Cet appel doit être introduit dans un délai strict auprès de l’autorité compétente, généralement le gouverneur provincial ou une commission de révision désignée. Il est essentiel de faire appel à un conseiller juridique pendant cette procédure afin de s’assurer que les procédures sont respectées et que les preuves sont conformes aux normes. Les appels doivent être fondés sur des faits exacts et des arguments juridiques légitimes, tels qu’une application incorrecte du zonage ou une interprétation erronée des règles de conformité structurelle.

Mesures de sécurité, d’inspection et de conformité en vertu de la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande

Quelles sont les obligations issues de la Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande en matière d’entretien des bâtiments ? 

La loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande établit non seulement un cadre d’autorisation, mais aussi l’obligation de respecter les normes de sécurité et d’entretien à long terme tout au long de la durée de vie d’un bâtiment. L’article 32 impose aux propriétaires la responsabilité permanente de garantir que les structures ne mettent pas en danger la vie, la santé ou l’environnement des personnes. Cette obligation s’applique de la même manière aux bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels, quelles que soient leur taille et leur emplacement. De plus, les propriétaires doivent veiller à entretenir régulièrement leur(s) bâtiment(s) afin d’éviter tout risque pour les utilisateurs.

Comment les inspections sont-elles réglementées pour les bâtiments à haut risque ou à usage public ? 

L’article 32/1 de la loi sur le contrôle des bâtiments détaille les obligations supplémentaires en matière de sécurité qui s’appliquent spécifiquement aux « bâtiments à usage contrôlé ». Il s’agit notamment des structures destinées au public comme les hôtels, centres commerciaux, hôpitaux et écoles. Les propriétaires doivent faire effectuer des inspections professionnelles périodiques et soumettre des certificats de conformité aux autorités locales, selon les règlements ministériels en fonction du type de bâtiment, sa superficie et son usage.

Quelles sont les sanctions et les mécanismes d’application en cas de non-respect ?

Le non-respect des normes de sécurité peut entraîner des mesures administratives coercitives en vertu des articles 44 et 45. Ces dispositions habilitent les autorités à émettre des ordonnances de mise en conformité, à imposer des amendes journalières et, en dernier ressort, à démolir les structures dangereuses aux frais du propriétaire. De plus, l’article 46 introduit la responsabilité pénale pour négligence ayant entraîné des blessures ou des dommages, avec des sanctions pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement et des amendes importantes.

Un aspect important du régime de conformité est l’obligation de tenue régulière de rapports et de registres. Par exemple, les bâtiments classés à haut risque de par leur hauteur, capacité ou utilisation doivent tenir des registres de sécurité, des rapports sur l’intégrité structurelle et des registres d’exercices d’évacuation incendie, soumis à un contrôle des autorités locales. L’utilisation de matériaux non conformes ou la réalisation de modifications structurelles non autorisées peuvent déclencher une enquête immédiate, comme le prévoit la notification ministérielle n° 28 (B.E. 2549), qui fixe les normes en matière de déclaration, de certification et de sanctions dans de tels cas.

De plus, les propriétaires et occupants de certains bâtiments sont tenus de vérifier que les issues de secours ne sont pas obstruées, que les systèmes d’extinction d’incendie sont opérationnels et que l’éclairage est conforme aux normes légales. Dans les centres urbains comme Bangkok, les inspecteurs municipaux des bâtiments disposent d’un large pouvoir discrétionnaire en vertu des ordonnances locales pour émettre des ordres d’arrêt des travaux ou infliger des amendes sans autorisation judiciaire préalable, reflétant l’urgence avec laquelle le système juridique thaïlandais traite la sécurité des bâtiments.

Conclusion 

La Loi sur le contrôle des constructions  en Thaïlande constitue la base juridique de toutes les activités de construction et de modification dans le pays. Elle impose des obligations strictes aux promoteurs, aux propriétaires de bâtiments et aux professionnels, de l’obtention des permis en vertu de l’article 21 au respect des normes de sécurité en vertu de l’article 32 ainsi que des règles d’aménagement du territoire et environnementales. Le non-respect de ces obligations peut entraîner de graves conséquences juridiques, notamment des amendes, le retrait des permis voire des ordres de démolition.

Si le cadre réglementaire thaïlandais en matière de construction peut sembler déroutant, il est utile de consulter régulièrement des conseillers juridiques afin de s’y retrouver. Le recours à un avocat garantit que chaque étape, de la conception à l’utilisation finale, est strictement conforme au protocole légal. Pour les entreprises étrangères comme pour les entreprises nationales, une compréhension approfondie de la loi sur la réglementation de la construction garantit non seulement la légalité des projets, mais également leur prudence et leur protection contre les risques imprévus tout au long de leur mise en œuvre. Les revers temporaires rencontrés au cours du processus d’autorisation ne découragent que rarement les promoteurs déterminés qui respectent les règles et les précédents.